Hier, jeudi 9, nous arrivons à Irún à pied et cherchons un endroit où dormir. N'ayant eu aucune réponse sur Couchsurfing et l'auberge des pèlerins étant fermée jusqu'en mars ; nous demandons l'hospitalité à de nombreux passants peu enclins à nous aider. Nous parcourons la ville de long en large, sommes épuisés et démoralisés. La nuit commence à tomber, nous trouvons refuge dans un hôtel.

Après une nuit un peu chère mais fort reposante, nous marchons en direction de San Sebastián. Quarante-cinq minutes plus tard, heureusement encouragés par un grand soleil, nous sommes toujours à la recherche d'un endroit idéal pour faire du stop. Nous passons alors à côté d'un magasin bio et décidons de faire quelques emplettes. Nous entrons dans une petite pièce bien chaleureuse, égayée par de la musique folklorique. Les produits sont disposés sur des étagères en bois aux courbures sculptées. Derrière le comptoir se trouve une femme dont nous faisons la connaissance autour d'un maté au citron. Elle s'appelle Rakefet et vit dans une communauté de 50 à 70 personnes. Elle nous invite ce soir à célébrer le Shabbat Shalom (littéralement samedi et paix en hébreu). Nous sommes enchantés et pressés d'en savoir plus sur cette communauté de croyants. Quelques petits gâteaux plus tard, Joachim vient nous chercher et nous emmène en voiture.
Nous arrivons rapidement à Caserío Barraka et sommes accueillis à bras ouverts par des personnes de tout âge et d'origines espagnoles, françaises, allemandes, américaines ou israéliennes. On nous prépare salades, omelettes, jus de pomme, gâteaux, fruits... Un régal !

The Twelve Tribes, The Commonwealth of Israel. www.twelvetribes.org
Ces communautés existent dans plein de pays différents. D'après ce que nous en avons compris, ils n'ont pas de religion. Ils prient tout de même un Dieu et son fils Yashuha (Jésus en hébreu). Ils se réunissent chaque matin avant le petit-déjeuner pour échanger sur leurs apprentissages, leurs difficultés dues à l'égo, leurs prières... Ils se comparent aux abeilles : "entièrement dévouées à la ruche, elles ne se soucient nullement d'elles-mêmes". Travail, argent et possessions sont partagés. En vivant coupés de la société et de la culture occidentale, ils pensent se garder du péché et rester dans le droit chemin. Ni livres, ni films, ni musiques. Les enfants ne vont pas à l'école ; leurs professeurs sont des membres de la communauté. Pour eux, être dans le déni de soi pour servir autrui permet de vivre dans la paix et l'harmonie. Ici règne en effet une atmosphère de bienveillance et d'amour.

Nous aidons à nettoyer la salle puis Elionei nous fait visiter les lieux. Nous découvrons d'abord la grande serre sous laquelle poussent les légumes. Nous goûtons pour la première fois à une tomate dont le goût et la texture rappellent le kiwi, directement cueillie sur le tomato tree. Nous allons ensuite saluer les animaux. Les chèvres et les vaches sont très faciles à approcher, câliner et ont plein d'amour à donner.
Une fois revenus près des cuisines, nous aidons à décharger du bois et à trier des kilos de pommes de terre et d'oranges. Même les enfants mettent la main à la pâte.
À partir de 17h, tout le monde se prépare, se lave et s'habille bien pour le Shabbat. Le samedi, jour de repos et dernier de la semaine, commence une fois le soleil couché. Rendez-vous donné à 18h dans la grande salle. Chacun discute en attendant que l'on soit au complet. Nous en profitons pour faire connaissance avec d'autres frères et sœurs, poser des questions à propos de leurs croyances et façon de vivre.
Les musiciens se mettent à jouer. Guitares, contrebasse, violon, flûtes, accordéon, percussions... Bel ensemble ! À chaque morceau aux airs enjoués et israélites correspond une danse typique. Les pas sont assez faciles à apprendre et nous rentrons dans la ronde avec joie.
Vient l'heure de passer à table. Les femmes ont cuisiné toute la journée pour le repas du soir mais aussi pour le samedi. Salade de crudités, riz et boulettes de viande (nems aux légumes pour les végétariens), crumble aux pommes et sa boule de glace maison. Nous dansons de nouveau après le repas puis allons nous coucher ; les hommes d'un côté et les femmes de l'autre. Les couples mariés peuvent partager leur chambre.

Le lendemain, Rakefet nous écrit un mot sur le drapeau breton et nous confie fruits et sandwichs aux légumes. Talmid nous dépose à la station essence de l'autoroute en direction de Valladolid. De vrais amours  !