Huaraz.

On m'a dit "Si t'aimes la rando et la montagne, va à Huaraz, dans la Cordillère Blanche au Pérou."

Alors je suis arrivée dans la ville de Huaraz, d'où on peut déjà voir quelques pics enneigés.

Et le rêve d'en grimper un s'est réveillé...


Après quelques petites randonnées de réacclimatation à l'altitude, il est temps de passer aux choses sérieuses. Je retrouve Jonas, un allemand rencontré dans la première auberge ou j'ai dormi, et nous nous renseignons sur les prix des différentes agences et des guides. Mais tout est très, très cher... En fin de journée, on décide de louer juste l'équipement et d'aller à la zone de camping de la vallée d'Ishinca. De là, partent des alpinistes expérimentés et des groupes auxquels nous pourrons peut-être nous joindre...

Dans une agence, nous trouvons une petite note laissée par de certains Thomas et Noah, cherchant à partager le taxi jusqu'à la vallée d'Ishinca le lendemain matin. Parfait. Nous les contactons et le rendez-vous est prit.


Mardi 12, 8h


Départ à 5 dans un taxi 4 places, car en plus de nos deux nouveaux compagnons Autrichien et Suisse Allemand, nous passons chercher James, un Anglais.

Il s'avère que Thomas, Autrichien d'une quarantaine d'années, est déjà venu ici il y a 14 ans. Il a même grimpé le plus haut sommet du Pérou, le Huascarán de 6768m ! Et avec Noah, comme nous, ils prévoient de faire Ishinca et Urus... Le voilà notre guide !


Une heure et demi de route très inconfortable plus tard, nous arrivons quelque part dans la montagne verdoyante, au milieu des moutons, cochons, vaches, chiens et femmes vêtues du costume traditionnel. D'ici, nous devons continuer à pied jusqu'au campement.


C'est parti pour 1000m de dénivelé positif s'étalant sur une douzaine de kilomètres. James avec son petit sac de trekking part loin devant, suivi de Thomas et Noah aux dos nus, ayant opté pour la mule comme moyen de transport de leurs sacs à dos. Jonas et moi on y va à la dure, chargés d'une bonne vingtaine de kilos chacun. Casques, chaussures à crampons, piolets, harnais, corde, manteaux, pantalons de ski, tente, duvets, matelas, nourriture pour quatre jours... Mon dos n'a vraiment pas l'habitude de porter un sac aussi lourd, et nous faisons des pauses tous les 2km. Enfin, au début, car plus les kilomètres passent et plus nous nous arrêtons souvent.

Le sentier est magnifique, nous longeons la rivière bleu pure au coeur de la vallée, entre de hautes montagnes rocheuses. En face au loin, les grandes blanches se laissent découvrir de plus en plus.

Je sens l'altitude à partir des 4000m environ. Quand je ne me concentre plus sur ma respiration, mon coeur s'emballe. Ça reste très léger et principalement à cause de mon sac de trois tonnes. J'ai les épaules et les reins en feu. Je suis souvent à la traîne et, à la moitié du chemin, mon compagnon de randonnée me propose de prendre quelque chose. Au début je ne veux pas car il a déjà la tente, le réchaud, les casseroles en plus... Mais à la pause suivante je suis contente de lui laisser la corde. 2 kilos en moins, aaah !


Après 6h de marche, nous y voilà enfin.

Il y a déjà pas mal de tentes, mais l'espace est très grand. Nous nous plantons en plein milieu, à côté de Thomas et Noah, face aux imposants Tocllaraju et Paclaraju, caressés par les nuages à plus de 6000m. À notre gauche nous voyons l'Urus mais à droite, le mystérieux Ishinca est encore caché par les rocheuses.


Demain, ou plutôt cette nuit, nous partirons pour le sommet d'Ishinca.

Nous nous couchons vers 18h, après un gros repas au réchaud dans le vent glacial. Il fait encore jour, difficile de trouver le sommeil malgré notre épuisante journée. Il pleut un peu et je pense à la neige tombant sur les sommets. J'espère que l'on pourra tout de même grimper demain. Les vaches beuglent autour des tentes.

J'ai mal à la tête, et mon duvet n'est pas assez chaud. Je rajoute un pantalon, deux pulls. Mon manteau sur mes jambes et celui de Jonas sur mes pieds. Seul mon nez dépasse. J'ai chaud au visage, mais souvent des frissons me parcourent tout le corps.

Vers 22h, nous sommes réveillés par une vache mangeant notre sac poubelle accroché à l'extérieur de la tente. Elle finit par l'arracher complètement mais ni l'un ni l'autre n'avons la force de lui courir après pour le récupérer. Je dormais profondément mais pas assez longtemps alors mon mal de crâne est toujours présent. Je mets du temps à retrouver le sommeil.